La pensée du jour
Il y a presque toujours dans un livre médiocre de quoi en faire un bon.
Alexandre de Tilly
L’humeur du jour
L’été, je lis beaucoup. C’est une excellente façon de ne pas bronzer idiot.
Parfois, il y a la magie d’une rencontre.
Ça m’est arrivé il y a 2 ans avec la découverte de Fred Vargas et de nouveau cette année avec le sublime, l’époustouflant, « au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre.
Un orgasme littéraire.
Pour parodier les réduits du vocabulaire qui pullulent dans les magazines ou sur les affiches pour vanter tel ou tel opus : juste sublime, jouissif, jubilatoire, une claque…
En réalité, les mots qu’on utiliserait seraient ceux en trop, que Lemaitre, lui, a eu le soin d’éviter dans son roman. Respectons cela et contentons-nous de dire «lis ça, c’est un cadeau ».
Le problème, quand on se tape un Redford circa 74 de la littérature, c’est la rencontre qu’on fait ensuite.
Direction ma petite librairie où on tente de me fourguer non pas du Musso ou du Levy (j’ai prévenu d’emblée) mais du roman à la limite de la « chick lit« . Non, merci.
Je repars avec la fille du train, qui s’avérera être un très bon scénario mais un piètre roman, dans la lignée des « meilleures ventes » actuelles, plus orientées vers le fond, l’histoire, l’intrigue, qu’exigeantes sur la forme.
Du moment qu’un Augustin Trapenard peut nous le pitcher en 35 secondes, c’est estampillé « à lire ».
Après cette petite déception, séduite par l’accroche, j’entame « l’enfant de l’étranger », dont le sous-titre aurait pu être « comment tout faire tenir dans une 4eme de couverture sans jamais être développé ».
Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une merde, au regard de l’effort de l’écrivain – n’ayant pas goûté sa version originale – et par respect pour le papier mais je m’interroge sur la probité du jury de «lecteurs» qui a décerné à ce vide le prix du roman étranger.
Qui sont lesdits lecteurs ? Qu’ils se dénoncent !
Pour paraphraser Flaubert et comprendre ce qui poussa Emma Bovary à aller baguenauder ailleurs, ce livre, je « l’ouvris mais je n’y trouvai rien».
Les promesses de la 4eme de couverture et le macaron Prix des lecteurs n’étaient qu’artifices fallacieux, chaussette calée dans un slip pour attirer la chalande que je suis qui préfèrera un lecturus interruptus à une séance fastidieuse.
Autre tromperie : l’île des oubliés. Un postulat de départ attirant, hélas non abouti, certes atypique mais… une traduction scolaire, des mots en grecs parsemés sans modération sorte de greek name dropping lassant et au bout d’une dizaine de chapitres un constat : ce qui arrive aux personnages, je m’en fous royalement. Les caractères, les situations, les intrigues gonflées à l’hélium avortent dans des pschiiits pathétiques, laissant mon désir ballant.
J’en étais là de ma désespérance, inquiète à l’idée d’une jachère neuronale quand soudain je me souvins que ce cher Lemaitre avait écrit beaucoup d’autres livres que son Prix Goncourt.
La trilogie Verhoeven en mains, je renouai enfin avec le plaisir.
Acerbe à souhait et à juste titre. Ça fait du bien ! Lire, si vous ne l’avez pas déjà fait « La littérature à l’estomac » De Julien Gracq
Je vais passer commande ! Merci du conseil 🙂
bel exercice de style et hélas d’accord avec toi sur la pauvreté ambiante. ou plutôt non. la voracité des médias à vendre certains produits et délaisser certains auteurs. j ai tendance à fuir les livres « déjà lus par xxx mille personnes » déjà conquises
et que penser des succès de 50 shades of shit…
Je connais pas mais je te fais confiance pour le goût et le lire, j’adopte ;o)
tu ne seras déçue ni par le fond, ni par la forme ! tu me diras ?
oui bien sûr !