La pensée du jour
C’est un sale truc, être toujours jeune, quand on vieillit….
Romain Gary
L’humeur du jour
C’était le houlalacépasbien médiatique de début janvier. Le romancier Yann Moix répondait avec une franchise inouïe qu’à 50 ans, il trouvait les femmes de 50 pas intéressantes.
40, à la limite, mais pas 50.
Ça changerait peut-être quand il en aurait 60…
Bon. Et alors ?
Moix préfère draguer en deçà de 40 et asiatique ? Je préfère pas plus jeune que moi et athlétique.
Allez-y les gars, postez vos #biscottos….
J’avais trouvé les réponses des fringantes quinquas sur les réseaux sociaux narcissiquement pathétiques.
Ou l’inverse.
A coup de poses « regarde comme mon fessier est ferme », silhouettes parfaites pour prouver qu’on peut être quinqua-incognita, elles voulaient marquer un point mais réduisaient leur âge à une image, plus ou moins filtrée et manquant singulièrement de diversité.
J’ai toujours pensé que plus que la silhouette ou le poil blanchi, c’est l’énergie qu’on dégage nous rend indéfinissablement attirant, mais passons…
En fait, je ne me sentais pas concernée.
50 ans, c’était loin de mon corps ET de mon esprit.
D’ailleurs, quand on est nullipare en espérance d’adoption, c’est pas 50 qui coince, c’est pas 50 qui fait se sentir (trop) vieux, périmé pour la parentalité.
C’est déjà 45, l’âge limite pour le simple dépôt de candidature pour de nombreux pays.
Cette année, il n’y avait dans le monde que 5 enfants auxquels je pouvais prétendre via l’AFA. Pas mariée, 45 ans révolus – pas catho pratiquante aussi, c’était dans un des cahiers des charges… Les possibilités se réduisent plus qu’une peau de chagrin.
Quand on veut adopter, la sentence du temps arrive quand même nos rides et artères nous foutent la paix.
En janvier, donc, tandis que Yann causait des émois, je perdais mon patron et le sommeil.
Je me réveillais la nuit dents serrées, stressée.
Je mis cette tension et les accès de fatigue sur le dos du deuil.
Sauf que perdre un être cher ne provoquera jamais de tension mammaire.
Ja-mais.
C’est ce que m’expliqua deux mois plus tard une gynécologue, très détendue « ma chérie, vous avez 49 ans, vous allez prendre du poids, il y aura du plein là où il y avait du creux, c’est normal, on y passe toutes. Vous êtes en pré-ménopause, c’est une période qui peut aller de 3 à 6 ans ».
Mon cerveau a la faculté de tri instantané.
Une fonction « tamis » qui empile dans un coin ce qui me choque et ne laisse passer que l’acceptable.
Pré, 3 à 6 ans… ça me laisse le temps de me faire à l’idée d’être officiellement incapable d’enfanter, c’est-à-dire d’être raccord avec mes possibilités physiologiques.
Tout en l’écoutant égrener les modifications hormonales à venir – j’occultai d’emblée l’option bouffées de chaleurs, d’ici là, j’aurai trouvé la parade – mon cerveau chercha une issue de secours : « étais-je obligée d’être un jour ménopausée, moi qui n’avais pas su enfanter ? »
Si la naïveté était gage de jeunesse, je venais de perdre 30 ans.
Une fois rentrée, je décidai de cérébraliser la sentence pour la comprendre, la digérer, l’intégrer, pour l’accepter, puisqu’on y passait toutes… Une généraliste, que je consultai un peu plus tard pour le combo sommeil pourri-humeur en berne me conseilla même de voir un psy pour « accepter de vieillir ».
Je lus beaucoup sur le sujet, tentai mentalement le deuil de ma garde-robe T36, mais optai pour un accroissement de mes activités sportives pour compenser la perte de la centaine de calories quotidiennes que mes ovaires n’allaient plus gérer.
Je discutais avec des amies de ma tranche d’âge ou plus que je séparai en deux camps : celles qui avaient accepté la condamnation au flétrissement de ce qui était sociétalement l’apanage de la jeunesse et celles qui se débattaient encore avec les prises de poids, sueurs nocturnes, sautes d’humeur, extinction du désir et troubles du sommeil quand un soir une publicité m’inonda un neurone poreux.
Une femme, triomphant de la sécheresse vaginale consécutive à son entrée en ménopause venait de trouver la crème miracle qui à défaut de la rendre désirable allait la rendre pénétrable…
En ajoutant ce désagrément à la liste des impondérables de la ménopause (et attendez, dans 10 ans arrivent les fuites urinaires, à moi la joie des moments Oups), j’eus une pensée pour Yann Moix, victime de sa franchise abrupte, quand notre société condamne la femme de 50 ans plus définitivement que le non-désir légitime de ce monsieur à son égard.
Qu’il est savoureux ton billet Pooky
Il y a des vérités qui font mal.
Je crois que dans sa tête il y a toujours une petite partie de notre jeunesse qui dit non à tous les inconvénients liés à l’âge.
Ce qui est le plus flippant c’est de savoir qu’il reste moins de temps devant nous que derrière nous.
Et je ne te dit pas lorsque l’on te dit ça y est vous avez droit à la retraite.
Lorsque tu regardes la télé l’après midi et que tu as droit à tout le défilé des fauteuil monte escalier. Des douches faciles d’accès et le pire ce sont les conventions obsèques.!! 🙀
Je crois que c’est humain d’avoir peur de vieillir.
Mais ce qui l’est beaucoup moins c’est de nous le rappeler à tout moment.
Et d’aggraver les symptômes qui heureusement sont bien moins graves que ce que l’on te dit.
Sans compter que l’on peut passer à travers parfois. 😘
Le cardiologue m’a dit que j’avais un cœur de jeune fille
J’ai envie de croire que c’est vrai
Au sens propre comme au sens figuré.
Bisous
Je suis sûre que c est vrai!!
Les fuites urinaires, c’est surtout pour les femmes qui ont eu des enfants par voie basse. Donc normalement, toi et moi y échapperons ^^ Bisous ma jolie
C est déjà ça😹
Et non hélas, suffit d’une mise sous sonde urinaire pendant et après une opération, et… C’est foutu !!
Mais bon, faut pas noircir tout le tableau non plus, toutes les pré et ménopausées n’ont pas tous ces inconvénients … Rassure toi 🤗
Je te souhaite une bienvenue au club des quinqua’s 🙂
Bises
Encore quelques mois 🙂