La pensée du jour
La violence est une absence d’amour.
Bernard Giraudeau
L’humeur du jour
Je vais vous raconter une semaine de violences ordinaires.
Ordinaire par opposition à extraordinaire « Qui n’est pas courant ; exceptionnel, inhabituel ».
Au bureau.
Une de mes collègues est poussée vers la sortie, alors qu’il y a encore quelques mois on l’avait assurée du contraire.
En 5 jours ouvrés, au prétexte d’un article d’un règlement intérieur inexistant jusqu’à il y a encore 1 an.
Le Grand Directeur, avec sa délicatesse coutumière, rassure cette retraitée de force qui s’inquiète du montant bas de sa pension « Vous retrouverez du travail ». A 65 ans ?
Dans les transports en commun.
Une de mes amies enceinte sans que cela puisse ressembler à quelconque crise d’aérophagie, voyage constamment debout dans son RER puisque les usagers absorbés dans leurs candy crush ou isolés par leurs écouteurs choisissent de ne voir personne.
Elle vit la même chose dans les files d’attente « femmes enceintes » des supermarchés où rarement les clients prennent la peine de se retourner, histoire de ne pas prendre le risque de perdre 5 minutes…
Dans ma petite ville, aux airs de village.
Une jeune maman inopinément en panne de voiture a monté une côte pentue sur 2 kilomètres chaque matin cette semaine, vers 5h45, poussant sa poussette chargée d’un bébé et d’une petite de 2 ans debout sur le marchepied, sans que jamais un automobiliste n’allant, comme elle, vers la gare ne ralentisse pour l’aider.
Pourtant nous nous connaissons tous, au moins de vue, surtout les usagers des heures creuses…
Devant mon étonnement, elle m’explique que le matin où elle est tombée en panne, dans une ville voisine, elle a demandé de l’aide aux gars des services techniques témoins de la scène. Ils lui ont répondu le plus sérieusement du monde qu’ils n’avaient pas le droit de l’aider. Ces hommes l’ont donc regardée pousser sa voiture – avec les deux petits à bord – sans bouger un muscle.
Evidemment, comparé à ça,
les bousculades à coups de sacs ou de coudes sur les trottoirs parisiens,
les oublis de « merci » quand on tient une porte,
les comportements agressifs des automobilistes toujours pressés et leur égoïsmes lorsqu’ils bloquent des accès « pour deux minutes, juste une heure »
ou les crottes de chiens oubliées devant des portes
tout ça semble être du pipi de chat.
Pourtant ça raconte la même histoire…
Y’a nous d’abord. Et il y a l’autre, éventuellement.
Que nous est-il donc arrivé qui justifie que nous soyons devenus à ce point égocentrés, aveugles aux autres ?
Je réfute l’idée qu’il s’agit d’un mal national. Je rejette cette fatalité simpliste « les Français ne s’aiment pas » répétée à l’envi pour éviter de réfléchir (et vendre du papier).
Je pense que les français, comme d’autres, s’intéressent et aiment les individus mais pas « les gens ».
Cette négation de l’inconnu, cette défiance envers celui qui nous est étranger, quand il est pourtant si simple de lui donner une chance en le faisant changer de statut, explique pourtant beaucoup de choses.
Le cadeau du jour
Vraiment à la portée de chacun d’entre nous
La société fonctionne dans ce sens. Le meilleur est celui qui écrase les autres, celui qui est premier en tout y compris à la caisse du supermarché. On élève les enfants dans un esprit de compétition, une course effrénée qui fait abstraction de ceux qui peinent. Moi, moi, moi et moi, le reste du monde peut bien crever et si Moi j’y arrive, les autres peuvent en faire autant. Ce qui explique en partie la montée des pensées extrémistes actuellement et partout dans le monde où les petits, les faibles, les différents n’ont pas leur place.
Merci pour cet excellent billet, Pooky, comme tu sais les écrire pour nous faire réfléchir et surtout ressentir ;o)