Et je pèse mes mots...·Res Politicus

Alep, chronique d’une mort annoncée


La pensée du jour
La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas.
Paul Valéry

L’humeur du jour
Mon premier contact avec Alep date de 2001.
Mon gentil patron faisait, en toute discrétion, don d’une grosse somme pour que le Centre Orthopédique d’Alep puisse recruter des infirmières – des Sœurs. Une salle de chirurgie porta alors son nom.

Mon second contact date de 2012. Le chirurgien en charge là-bas nous donnait des nouvelles. Assez sinistres.
Il envisageait de quitter la Syrie où des conflits chrétiens/musulmans compliquaient tout – il n’y avait plus d’infirmières au COA – et s’ajoutaient aux exactions de Bachar.
Ses mails se sont succédés, photos de trous de balles sur ses vitres de voiture ou de rues, de blessés.

L’an dernier, il fut encore plus précis.
Je vous épargne les photos, elles sont d’une violence inouïe. Et oui, ce sont bien des enfants dessus, dont les blessures n’ont rien « d’accidentel ».
Je lui ai parlé.
Il n’était pas parti car si lui avait la nationalité française, pas le reste de sa famille et il ne se voyait abandonner ni ses frères ni sa mère.
Il avait vécu en France dans les années 80 et pensant les choses immuables il comprenait mal le silence de notre gouvernement – et j’ai dû reconnaître gênée que le silence de nos médias ne lui cédait en rien.
Je me rappelle lui avoir dit – c’était juste après Charlie – « les choses ont changé, les gens se sont fermés. »
Et si tout le monde a pleuré sur la photo du garçonnet sur la plage, nous étions peu à nous émouvoir du sort des migrants avant.
Une émotion, une indignation chasse l’autre… la honte monte en moi d’anticiper les titres des JT sur les pénuries de foie gras ou autre « combattre l’indigestion » à venir, succédant naturellement à inquiétude des commerçant face à la baisse de la consommation des Fêtes ou le dernier hurlement de Macron…

Ce que vivent les « rebelles d’Alep » ou les civils qui n’ont pas su, voulu ou pu partir est un génocide. Toutes proportions gardées, ça m’a rappelé la Commune, quand les soldats versaillais – donc du gouvernement d’alors – tiraient sur les parisiens. Toutes proportions gardées, je le répète, et sans comparer Bismarck à Poutine.

Grâce à des journaux comme #Quotidien, grâce à un nouveau type de journalisme affranchi de bien-pensance et parfois bienséance, le grand public a enfin accès à des témoignages de « vrais gens ».
Pas des rebelles masqués, pas des ombres dont la non incarnation rend le carnage plus acceptable, pas de chiffrage…
Avec le visage de civils comme Ismail chaque jour, ce qui se passe là-bas devient réel, palpable.
Insupportable.

Tout aussi insupportable que la diarrhée de certains politiques, de Marion maréchal-nous-voilà à Thierry Mariani. Ou d’autre anonymes.
Nul ne meurt de honte ni d’ignominie. Et c’est bien dommage

Le cadeau du jour
Sans commentaire

2012

2015

mariani

 

ismail

12 réflexions au sujet de « Alep, chronique d’une mort annoncée »

  1. Trop de souffrance à vivre leurs morts en direct.
    et ce « révisionnisme »…
    si c’est si beau là-bas, allez-y mariani, lepen et compagnie

  2. Arrivé ici via Almanito… je suis mille fois d’accord et horrifié ; sauf sur un point, l’absence de honte et de retenue chez certains histrions politique. C’est pas comme s’ils nous avaient habitués à quelque chose d’humain de leur part, non ?

  3. Après la honte et la colère vient l’écoeurement. La haine de ces mots et des personnes qui les portent.

    je n’allais jamais sur Twitter. très peu. j’y vais chaque jour depuis quelques temps pour avoir des nouvelles d’Ismail et d’autres… la peur au ventre…

Chic ! Un message :)

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