La pensée du jour
Les autres, hélas, c’est nous !
Georges Bernanos
L’humeur du jour
Ça vous arrive, à vous, d’imaginer la vie des gens que vous croisez dans la rue, les transports, en terrasse ?
Moi oui, tout le temps.
Je m’accroche à une phrase, un regard, un pantalon élimé, des racines négligées, des joues regonflées, des chaussures trouées… je m’attarde sur un détail et je dessine une vie.
Il y a les gens que je ne croise qu’une fois…
et puis il y a cette femme.
Je la vois les matins où j’arrive plus tôt que d’habitue, rue de l’Ancienne Comédie.
A l’heure des éboueurs, des femmes de ménages qui s’activent dans les galeries d’art désertées, des garçons de café en pleine installation.
Il est 6h30, ce Paris ne s’éveille qu’à moitié tandis qu’elle passe d’un pied sur l’autre pour se réchauffer, impeccable et frêle dans son paletot beige.
La première fois, j’ai cru qu’elle attendait quelqu’un.
La seconde fois, j’ai pensé qu’elle était trop âgée pour rester sous la pluie, comme ça, sans vraiment chercher à s’abriter…
La troisième fois, je l’ai vue sortir du sas éclairé d’une banque.
Par la suite j’ai réalisé que c’était sa chambre, son chez elle pour la nuit.
Ce matin, il faisait froid. Elle était là, à l’intérieur, dos au distributeur, fixant le vide… attendant, j’imagine, un rendez-vous avec un autre abri.
Qu’est ce que sa misère dit de nous ?
Qu’est ce que sa fierté, sa solitude disent d’elle et de son histoire ?
Qu’a-t-il bien pu lui arriver pour que son seul rempart contre la nuit dans la rue soit ce local blafard ?
Quelle société sommes-nous en train de devenir pour que des personnes âgées survivent ainsi ?
Le cadeau du jour
et puis, les pauvres, c’est salissant…
j’ai trouvé ton texte précédent cyniquement amer, amèrement cynique… je lis celui-ci et je comprends le lien que tu ne dis pas. le rapport de cause à effet entre ces enflures de profiteurs et ces salauds de pauvres…
tu vis les yeux ouverts !
Très bon billet, comme souvent… C’est aussi un de mes penchants, imaginer la vie de ceux que je croise dans la rue. Quant aux plus démunis, car c’est être au delà de la pauvreté dans ce cas précis, j’ai le sentiment qu’ils sont de plus en plus nombreux.
Simplement merci pour l’humanité de ce billet !
je suis tout à fait en osmose avec ce que tu écris, mais que pouvons nous faire à ce niveau pour changer les choses ? Leur venir en aide au coup par coup quand tu croises ces personnes souvent et que tu finis par connaître un peu. C’est hélas une goutte d’eau dans la mer mais çà peut leur faire du bien aussi. Drôle de monde …..la misère égale une petite mort.
Souvent j’imagine une vie aux gens qui croisent mon chemin, mon regard. Quand l’imagination se confronte à la réalité, parfois l’histoire finit mieux, parfois… c’est plus triste. Comme le dit ptitepoulerousse: que pouvons nous faire? Réellement? Sur la durée? pas juste le coup d’un café chaud offert pour se donner bonne conscience ou, soyons fous, par pure charité humaine? J’en sais rien! fichtre rien… et ça me navre.
Quant à la semaine de Charb… tellement juste!