Et je pèse mes mots...·Res Politicus

Sans chemise, en pantalon


La pensée du jour
Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. […] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité.
Jean Jaurès – Chambre des députés, juin 1906
*merci Anne pour la citation que je cherchais*

L’humeur du jour
Cette semaine, une scène digne d’un lynchage Far West, les plumes et le goudron en moins.
Deux DRH d’Air France privés de leurs vestes et chemises, simplement cravatés, rappel involontaire des bourgeois de Calais allant la corde au cou faire pénitence.
On vit une époque d’image : ce qu’on voit prend toute la place, passe en boucle jusqu’à l’écœurement, jusqu’à être détrôné par une autre image…
Politiciens et journalistes y allèrent de leurs indignations sans analyse :  La violence physique, c’est pas bien, c’est punissable, c’est condamnable.
Miss France n’aurait pas dit mieux.
Et la violence invisible, on en parle ? Celle qui pousse à ces réactions tripales, celle qui fait se sauter le caisson à un policier, celle qui pousse par une fenêtre un employé de France télécom ou se fait s’immoler un brimé de Pôle Emploi ?

Comment s’étonner de ces débordements, seule réponse réactive de celui qui ne siège à aucun conseil, n’a jamais voix au chapitre, doit juste travailler et se taire, celui qui parle et propose dans le vide et se heurte à la plus méprisante des réponses : le silence (regardez cette vidéo et dites moi si cette violence là n’est pas aussi condamnable que l’autre).

Sincèrement, moi, ce qui m’étonne, c’est que cela n’arrive pas plus souvent.
Chez le personnel terrain de la SNCF, avec qui je parle souvent ou ailleurs, nombreux sont ceux qui souffrent de parler à des murs. Un collègue m’avouait récemment s’envoyer un whisky chaque soir pour ne pas penser à sa journée et aux murs inébranlables auxquels il se heurte. Une amie part bosser la boule au ventre ne sachant comment contrer les trop nombreux bâtons dans ses roues. Une autre craignait son retour de congé maternité – à juste titre, virée pour faute 15 jours plus tard, démunie face à la « grosse machine »…
Le monde du travail a changé en pire. Déjà en 2010 je m’inquiétais des inévitables débordements qu’allait engendrer Monsieur Mépris.
Comment voulez-vous motiver la jeunesse à vivre le travail autrement qu’en fournisseur de salaire?
Comment espérer inspirer des vocations? des investissements personnels?

Je ne condamne pas la violence.
Je condamne LES violences.
La visible tout autant que l’invisible.

Le cadeau du jour
voutch mépris

11 réflexions au sujet de « Sans chemise, en pantalon »

    1. J avais écris sur Germinal. La c est La Curée
      Y a mm un journaliste de F2 qui a visuellement isolé le visage d un attaquant!
      Et Valls qui se substitue à la justice, zorro momentané…

  1. Heureusement pour beaucoup, les sans dents sans culottes sans chemise avec pantalons sont shootés au iphone6 et louboutin
    Sinon ca peterait grave grave grave

  2. La Violence

    Voici ce qu’en disait l’évêque de Recife Helder CAMARA
     
     
      « Il y a trois sortes de violence.

    La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
     
      La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
     
     La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

    je crois que tout a été dit sur cette violence qui pousse ceux qui n’ont pas le droit à la parole à des actes, oh combien justifiés, mais qui se retournent contre eux.

    vendredi soir, à 1 heure de grande écoute, 22 h 40 !!!, l’émission « ce soir ou jamais » portait sur « conflits sociaux, pourquoi ces images ont elles fait le tour du monde ? » à voir ou revoir …
    le poids des images pour décerveler …

  3. Je ne regarde plus la télé mais n’en reste pas moins sensible à ce que tu décris si bien… et que je vois et entends, tous les jours, en parlant aux gens.
    Cette violence, si pernicieuse, je l’exècre.
    Quand j’étais encore dans mon ex-boîte, je me suis proposée d’aller enchaîner le patron aux chiottes… et j’y serai arrivée, si je n’étais pas toute seule..

Chic ! Un message :)

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