La pensée du jour
Lorsque la mort de Lady Diana fut annoncée (Le Monde y consacra trois « unes », TF1 un journal exceptionnellement prolongé qui, pendant 1 heure 31 minutes, ne traita que de ce seul sujet), comment quiconque aurait-il pu ne pas être « intéressé » ?
Non pas que la nouvelle soit importante (la défunte n’avait aucun pouvoir, hormis celui de doper les ventes de la presse people), mais parce qu’à force d’entendre parler d’elle […] la princesse était, qu’on le veuille ou non, entrée dans nos vies. […]
Peut-être se serait-on intéressé à d’autres sujets si les médias leur avaient consacré autant de temps et de moyens qu’à ce fait divers-là. Car comment peut-on se soucier de ce qui advient en Colombie, au Zimbabwe ou au Timor-Oriental quand on ignore l’existence de ces pays ?
Serge Halimi – (les nouveaux chiens de garde)
L’humeur du jour
La semaine dernière, j’entends en conclusion d’un JT de 6 minutes « Voilà ce qu’il fallait retenir de l’information».
Ouvrez vos oreilles : on l’entend souvent cette expression, à la radio comme à la télé.
Elle est loin d’être anodine. Dans une société qui avale du prêt-à-manger et s’habille en prêt-à-porter, elle contribue au basculement vers le prêt-à-penser.
Nous, réceptacles à infos, ne recevons que ce qu’une «équipe éditoriale » décide de synthétiser pour nous, cerveaux emmoutonnés. La sélection du Chef.
Voilà ce que nous devons retenir. Le reste on ne nous en parle pas. Le reste n’existe pas.
On nous oriente vers les sujets pour lesquels l’intérêt est suscité, souvent générateur de gains. L’information n’est plus qu’un produit : combien de bénéfices engendrés par la bite de DSQ ou le scandale Froome Armstrong ?
L’indignation est autorisée, encouragée et cadrée subtilement. On ira jusqu’à la grève ou la marche blanche selon les cas, puis plus rien.
Le système sait se protéger. Les marges sont respectées. Des limites invisibles seront définies par des experts invités à s’exprimer en boucle et en mots clés – ça finira bien par rentrer. On retrouve toujours les mêmes. Leur légitimité est renforcée par leur exposition dans les médias, à la manière d’une Kim Kardashian, célèbre d’être célèbre. Le système s’autonourrit , c’est bien pratique.
L’info qui prime est celle qui permettre de vendre. Le couteau de Nabila, les gros sous du PSG, les petites phrases des politocards vont nous être assénés au point de dessiner une nouvelle normes. Si je regarde le journal ce soir, j’y verrai la volonté de définir les contours de la société qui est supposée être la mienne : un dosage d’émotion (les réfugiés/migrants), de peur (le chômage), de glamour, de sport et de météo.
Heureusement, il nous reste à tous un cerveau, seule clé vers la liberté de penser et de chercher des infos par nous mêmes,au prix d’un effort pas surhumain du tout.
Le cadeau du jour
« La première liberté pour la presse consiste à ne pas être une industrie » espérait Karl Marx.
Ce précepte a fait long feu, valable de gauche à très droite.
J’ai ressenti cela avec la vague d’émotion suite à la photo du petit garçon. Il FALLAIT pleurer et s indigner.
Tout à fait mon point de vue. Article très bien argumenté de surcroit. L’information n’en est plus une depuis longtemps, c’est un produit d’appel que l’on vend. ni plus ni moins.
Si ma mémoire est bonne, mère Teresa est morte le même jour, et non seulement cela a été entièrement occulté par le deuil mondial de la Lady mais en plus a servi pour encore plus de tapage médiatique autour de son engagement caritatif…
Et qui diable est cette Kim Kardashian, dont j’entends parler sur les blogs… et que je vais finir par rechercher sur Google.
Tout en boycottant les infos officielles, pas envie de me faire servir la soupe, que je ne connais que trop bien, après avoir participé à ce cirque quinze années durant…
C’est bien pour ça que je n’ai pas la télé, et que je m’informe en lisant des journaux qui, à défaut d’être objectifs (l’objectivité journalistique n’existe de toutes façons pas), font au moins des analyses un peu fouillées
Le projet « Les Jours » pourrait t’intéresser, vazy voir, tu me diras. bisous
tant qu’on a conscience qu’on nous fait avaler ce qu’on doit manger et rien d’autre, on peut s’en sortir. ça fait mal quand certains gobent tout la bouche ouverte, sans se soucier de ce qu’on ne nous dit pas.
on en revient à la paresse. et puis parfois c’est plus simple de ne pas connaitre le dessous de toutes les cartes, ça j en suis sûre
c’est certain.