Et je pèse mes mots...·Ma vie Mon oeuvre

Qu’on me laisse jouer « à la marchande » !


La pensée du jour
L’homme courageux n’abrège point sa vie en affrontant les dangers. Le poltron ne la conserve point en multipliant les précautions.
Abü al-‘Alä Al-Ma’Arrï

L’humeur du jour
Quand j’étais petite, j’adorais jouer à la marchande.
J’échangeais un bol de cailloux contre une poignée de trèfles, je vendais des framboises à mon chat ( ?), je pesais tout ce qui me tombait sous la main et je servais ensuite du café invisible à des clients tout aussi invisibles tout en leur faisant la conversation.

Dois-je décrire ma tête quand, la semaine dernière, dans ma petite boulangerie de la rue Dauphine alors que je tends la main pour récupérer ma monnaie, la nouvelle boulangère m’annonce « votre monnaie sort de la machine »…

En effet, devant moi, là où deux semaines plus tôt se trouvaient des bacs à malabar, oursons et autres bonbons une caisse noire, froide, avec un réceptacle pour les pièces.

« C’est plus hygiénique », m’explique la michetière avec le sourire satisfait de celle qui a trouvé la solution idéale à un problème délicat dont nous, ignorants clients, ne savions rien. Ce disant, elle range avec ses blanches mimines enfarinées le billet que je lui avais remis : le boitier n’accepte que les pièces…
Dois-je en déduire que le billet est blindé mais pas de microbes ?

Quelle est la prochaine étape ?
Une boulangerie en forme de distributeur géant ? Je tape ma « commande », j’insère ma CB et hop ?
Quid du facteur humain, du «bla bla léger », du geste de l’échange propre à l’idée du commerce ?

On dira que c’est pour se protéger des braquages… Mouais.
On dira que c’est pour protéger le client des microbes… Bof.

Moi qui suis d’une génération où on jouait dehors avec ses copains sans faire du gras derrière un écran,
où on pédalait sans peur et sans casque,
où on faisait du patin à roulettes en se croûtant normalement coudes et genoux,
où on trouvait sur les marchés des fromages frais « fabriqué à la ferme » et sans conservateurs,
où on ne pensait pas « vaccin contre la grippe » « gel désinfectant » « faut pas manger ni trop gras ni trop sucré ou salé » et autres fais pas ci, fais pas ça…
Bref, d’une génération qui a accepté le préso sur la bite pour empêcher le spermato winner ou le Sida ne « passer par là » mais ne dédaigne pas baiser futile pour autant… le juste équilibre en somme…

Comme la vie semblait plus douce, moins réglementée par des principes de précaution à deux balles qui n’ont pour effet que d’infantiliser – oserais-je dire « déresponsabiliser » nos actes privés.

Revenons vite à des valeurs plus « naturelles », plus tournées vers l’humain…
Qui a envie de robotiser son quotidien ?
Pas moi.

Le cadeau du jour
Et avec ça, je vous mets une livre de cailloux?
image

17 réflexions au sujet de « Qu’on me laisse jouer « à la marchande » ! »

  1. Qu’est ce que tu étais mignonne…..! c’était le bon temps. Rassure toi, à Senlis, il y a bien longtemps que nous mettons notre monnaie ou nos billet dans une machine qui compte et qui te rend l’excédent….!

  2. Salut toi… Tu es trop mimi petite Nora ingalls…quant à ton écrit… J’adhère… C’est à maison alfort dans une boulangerie aussi lors d’un périple en RER pour aller quérir différentes choses d’occasion pour bébé et voyant l’heure du déjeuner s’avancer, je décidais qu’un sandwiche serait bienvenu dans mon maigre estomac… Si si… Une honte… Nous ne faisons pas de sandwiches mais des panini… Pour moi panini c’est l’album de football de mes années 60 que je n’ai jamais réussi à remplir… Puis même réponse lorsque je tends ma main pour effleurer celle de la douce et grassouillette matrone en face de moi… La monnaie sort de la machine… Me lance t.elle… Je regarde la caisse noire et suis déçu du manque… Dans l’ordre : sandwiche, politesse, tact et contact… Quoique…
    Bien sur je n’y reviendrais jamais… N’ai pu m’empêcher de sourire…
    J’espère que tu vas bien et que tu as changé de boulangerie… Tiens je pense à faire une formation de boulanger… C’est vrai… Bises

  3. Je jouais aussi a la marchande pooky
    avec de la terre que je mouillais et après des petites bestioles sortaient
    Personne ne m’en empêchait ^^
    Je roulais très vite sur les pentes de la route des plages (et sans casque aussi bien entendu)
    J’élevais des grenouilles qui s’avéraient parfois être des crapauds
    A part quelques rhumes et des genoux couronnés je n’étais jamais malade!
    Alors lorsque je vois a présent que l’on empêche les bon fromage au lait crus d’être commercialisés
    et que l’on aseptise tout et n importe quoi
    ça me révolte tout simplement
    parce que ce n’est pas ça qui stoppera certaines maladies comme le cancer de se propager
    J’adore ton billet réaliste et si bien écris

    Merci Pooky 🙂

  4. J’en apprends des choses… Puisque je fais mon pain, pas besoin d’aller à la boulangerie mais quid des commerces de proximité où on connaît les gens et on taille « un bout de gras » 😀 La convivialité se perd, hélas…
    Tu es toujours aussi mignonne, bien sûr mais cette photo est adorable

  5. C’est super!

    j ai ressenti la même chose la semaine dernière à la boulangerie nouvellement ouverte place de la mairie à Bagnolet: un système aseptique qui mets une glace de verre entre la boulangère et nous les consommateurs!
    et ton récit de petite marchande a fait résonner en moi les souvenirs de mon enfance où comme toi j ai beaucoup joué à la marchande vendant des petits bouquets d’herbe et des grammes de sable à mes clients virtuels…
    quel bonheur de te lire et de revivre un instant ces souvenirs doux et paisibles… et naturels
    et la photo est la cerise sur ce gateau offert par toi, tu etais trop mignonne trop trop

    bisous à cette petite fille qui est encore bien présente au fond de toi.. et… ne t arrête pas d’écrire surtout

  6. Tous ces petits commerçants qui se font refiler ces « innovations » soit-disant pour leur bien, fourguées par des industriels dopés au marketing! Ces commerçants avec leurs caisses à monnaie et leur vitre « hygiaphone » ne voient pas venir ces ennemis rampants qui préparent leur disparition. Je vais, de ce pas, avertir ma boulangère qui n’a pas encore été contaminée par les marketeurs.
    Qu’elle est belle la petite Nora d’antan! Celle d’aujourd’hui a grandi, pour sûr!
    Mais, tout aussi certainement, elle n’a pas vieilli!

  7. Passage obligé ce matin. Ca tombe bien, je n avais qu un billet.
    Je lui explique mon ressenti et en mauvaise commerçante braquée elle me dit que les clients ont bien compris l aspect « sécurité ».
    Dans le quartier?
    Ben ici ca va, hein… mais suffit de lire les journaux.
    Face à ca, je lui ai demandé si la prochaine étape c est je mets un euro dans le trou et le pain sort comme d un distributeur…

    Et puis soyons coherents : les pieces sont « protégées » pas les billets!

  8. passage hier matin. mes doigts blanchis par le froid sont inutilisables et la jeune femme doit ouvrir elle-même mon porte-feuille…
    Elle réalise alors que cette machine n’est pas accessible à tous. Il suffirait de la tourner vers elle : le client ne verrait rien, le geste d’échange serait sauvegardé et sa caisse serait faite !
    et si elle y pensait ?
    on verra!

Chic ! Un message :)

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