La pensée du jour
L’écriture a ceci de mystérieux qu’elle parle
Paul Claudel

L’humeur du jour
Le printemps m’a réveillée dès potron-minet.
Quelques graines pour les moineaux du jardin et le Shim-Chat du voisin et vite, j’enfile mes chaussures pour dynamiser mon popotin démusclé par un non-hiver gris-déprime, heureusement déjà repoussé par l’inexorable force vitale du renouveau et son cortège d’oiseaux et de bourgeons.

Dieu que j’aime le printemps.
Le printemps c’est la VIE. En tous cas, c’est la mienne.
Il fait renaître mes sourires, mes envies, et le petit animal en moi secoue ses poils d’hiver pour se jeter sans crainte ni fatigue dans ce nouveau cycle…

Ces pensées accompagnent ma foulée rapide ce matin. Les mots se bousculent et je n’ai rien pour noter. Rousseau s’excusait parfois de ses écrits en prétextant que le meilleur lui venait quand il ne pouvait rien retenir. Je veux bien le croire. Mais pourquoi s’en excuser ? Utilisons ce qu’il en reste…
Trois textes s’entrechoquent.
Celui-ci, d’abord, comme une introduction aux autres.
Puis un texte pour un bilan financier qui se dédouble déjà en discours « de campagne ».
Energie printanière aidant, ces mots glissent alors vers l’édito d’un livret « pro » qui n’attendait que cela pour être publié.

Je n’ai pas de problème avec les mots, avec l’écriture.
J’écris parfois avec nécessité ou urgence, ça me vient de l’enfance. Mon père s’étouffait avec les mots qui restaient littéralement coincés dans sa gorge, l’handicapant bien plus qu’il ne l’aurait jamais reconnu. Quelle douleur – quelle frustration – ce devait être de ne pas réussir à transmettre ses pensées…
J’aime la musique des syllabes, l’agencement des phrases, le rythme impulsé.
J’écris comme d’autres chantent ou dessinent.
J’écris avec plaisir et pour mon plaisir.

Des amies subjectives attendent le texte plus long, mais je n’ai pas la constance – ni la structure d’esprit, n’est pas Yann Moix qui veut – pour un roman et n’aimant pas lire les nouvelles, je me vois mal en pondre…
Bien sûr, je pourrais écrire ma vie.
Toute vie, chaque vie est un roman.
Il suffit de s’intéresser aux autres pour en prendre conscience.
Il y aurait de la Comédie Humaine sur la partie pro, du Colette sur la partie affective, du Simpère mâtiné de Guitry pour le sexe et du Dumas – encore Dumas, toujours Dumas – pour l’esprit global…
Mais un texte personnel nécessiterait de partager l’intime et si cela m’est possible en « one to one », cela ne le serait en grand nombre que de façon anonyme, alors quel intérêt ?
Il me reste les billets, les discours, les pensées.
Peu importe leur utilité, ça me procure de la joie.
C’est déjà bien

Le cadeau du jour
Savoir lire, c’est beaucoup aussi