La pensée du jour
Le gourmand creuse sa fosse avec ses dents. Et, avec quoi, le libertin ?
Hyppolyte Domont
L’humeur du jour
A la faveur du succès commercial – non, pas littéraire, non – des 50 shades et autres dérivés « boulards soft », j’ai découvert le roman de 1947 « Caroline Chérie », re-publié à la faveur de la vague coquine qui frappe les librairies, dont je me rappelais vaguement une série de films notamment avec Martine Carol, au jeu d’acteur daté mais au charme fou.
Jeune, belle, sensuelle et pourvue d’un sens de la vertu opportunément élastique, Caroline – imaginée par un homme – est l’héroïne libertine par excellence avec tous les clichés qu’on imagine.
Elle se tape TOUT ce qui lui tombe sous la main sans jamais bouder son plaisir.
Une femme, d’abord, ce qui lui permet d’être techniquement vierge pour la suite, (mais sans être homosexuelle, hein, c’est purement circonstanciel*%$) pendant son séjour chez les sœurs mais de façon « passive » et ne comprenant pas que deux hommes puissent en faire autant.
Oui, ça, c’est profond comme du Thierry Roland.
Ensuite, une fois mariée, elle passe aux hommes.
Elle n’en aime qu’un, Gaston le fripon, évidemment pas son mari, mais les circonstances de l’Histoire, la grande, poussent entre ses reins des révolutionnaires, aristocrates, postillons, garçons de ferme, prisonniers, savants, marins, et même son propre frère ( !!) bref, tout ce qui lui permettra, un peu comme dans un jeu vidéo, de passer au niveau suivant selon les besoins du récit.
Elle est si merveilleuse que certains se sacrifieront pour elle, d’autres la violent – mais si elle en éprouve du plaisir, il est un peu coupable : la chair est si faible… et la guillotine jamais loin….
Bien sûr, elle tombe enceinte – mais de qui? – elle n’en est pas bien sûre. Ça fait un demi chapitre tout compris – grossesse, accouchement et sevrage – sur 900 pages, c’est dire combien un bambin est peu compatible avec ses activités d’espionne malgré elle.
Evidemment, jamais de mycose, de morbacs, de MST ni de règles -vaguement la gale – une haleine à toute épreuve, visiblement des fonctions auto-nettoyantes, une beauté jamais altérée par la fatigue ou les blessures, un sens des réalités assez particulier, un appétit jamais assouvi…
Mais surtout, oui, surtout, un égocentrisme incroyable.
Car pour Caroline, et c’est probablement ce qui fait l’intemporalité du personnage, la vie, les épreuves, la révolution ou la guerre ne sont que des empêcheurs de baiser en paix.
Le cadeau du jour
Envie de revoir le film, dont l’affiche résume bien l’esprit du livre.
Merci pour ce résumé car je n’aurai jamais eu l’idée d’aller lire les aventures de la donzelle. Mais sous ta plume, elle devient indescriptiblement drôle 😀
Tu as vraiment le don d’une écriture si légère et si fine…
merci
Merci pour ce sujet si intemporel.
Imaginée par un homme et écrite pour les fantasmes des hommes, cette Caroline traduit plutôt le »vergeocentrisme du mâle » qu’un égocentrisme du personnage qui est né pour être dévouée aux hommes, au point d’escamoter son rôle de mère et de trouver un certain plaisir dans le viol, avec le risque de constituer une caution de ce crime chez les mâles en chaleur. Je préfèrerai reconnaitre, chez Caroline, une Anaïs Nin et sa jubilation dans une sexualité libérée, dans laquelle les hommes lui donnent ce qu’elle désire sans parfois cesser de se croire dominants. Je tiens à vous rassurer, j’aime les femmes, ma femme et l’amour sous toute ses formes, avec l’intransigeance du respect, de la complicité et le plus souvent, de la tendresse, dans les actes de l’amour, même les plus charnels.
et encore plus pervers : c’est suffisamment bien écrit pour que cet aspect là ne soit pas évident… On pourrait prendre Caroline pour une jeune femme résolument moderne et libre de son corps
J’ai beaucoup aimé les films avec Martine Carol a l’époque 🙂
C’était frais ,et Martine Carol était diaboliquement belle , sensuelle, sans être vulgaire
Je n’ai jamais lu les livres par contre
D’après ton résumé c’était apparemment un peu plus osé
en tout cas grâce a on billet j’ai eu une autre impression
bisous et bon lundi
moi aussi
d ailleurs j ai cherché en ligne des photos du film pour me rafraîchir la mémoire. Et le Gaston, ben… heu, non, merci, sans façons
mais Martine Carole était vraiment belle (même si bien trop mûre pour le personnage)
Et bien,t’en a eu du courage pour arriver au bout du livre!
Angélique est une petite joueuse à côté.
Gros bisous
La curiosité ma chère! Et contrairement a 50 shades, c est bien ecrit