Et je pèse mes mots...

Le sourire d’Omar


La pensée du jour
Tout métier qui ne fait pas oublier le travail est un esclavage
Henri Janson

L’humeur du jour
Il y a des matins où l’idée de sortir du lit à l’aube pour affronter (je ne vois pas d’autre verbe en ce moment) les transports ne me motive pas à aller travailler.

Pas plus que de découvrir une pub pour une pénoplastie dès l’ouverture de l’ordi, d’envisager les tâches (inévitables) administratives ou d’essayer de rendre mon travail «rentable» selon les directives institutionnelles qui m’ont subtilement été transmises à la rentrée de septembre.

Pour un peu, ça me ferait oublier que j’avais toujours envisagé mon métier comme une mission et non comme un travail, que je m’épanouis dans le qualitatif et non le quantitatif…

Alors je traine la patte,
je perds le sourire et l’envie…

Je me perds « moi » et je me demande si l’herbe ne serait pas plus épanouissante ailleurs, je cogite, je fatigue…

Et puis voici qu’un mail arrive.
Une bouteille à la mer lancée par une femme dont le métier est d’accueillir au sein de sa famille des enfants étrangers le temps pour eux de se faire soigner en France.

Elle y raconte l’opération subie il y a 3 ans par un petit bout de 6 ans, retourné ensuite dans son pays, le Burkina.
Les suites négatives (il a dû être réopéré pour enlever l’instrumentation qu’on lui avait fixée) et le futur assez sombre pour un enfant dont l’état ne pourra que s’aggraver s’il reste « au pays » comme ça. Son cas doit être étudié par un hyper-spécialiste, mais qui? où?
L’association qui a financé l’opération initiale rechigne à repayer « pour rien ». Rien n’est gratuit.

Ce sont des coûts dont nous ne nous soucions pas ici : notre enfant doit se faire opérer, il l’est.
Tous les habitants de la planète n’ont pas cette chance.

En théorie, je devrais répondre poliment que nous ne nous occupons pas de traitement mais de recherche.
Trouver des mots à la fois encourageants mais somme toute inutiles dans un cas comme celui-ci.
Un blabla poli.

Mais voilà.
Autour et au sein de la Fondation gravitent et s’impliquent des médecins bénévoles pour qui prime le serment d’Hippocrate.
Le patient avant tout.
Quel qu’il soit.
D’où qu’il vienne.

Echange de mails, de coups de fils, contact avec l’association pour leur expliquer que des solutions existent.
Mise en place de la mission « sauvons Omar » – il ne s’appelle pas Omar, mais comme il en a le beau sourire et que je ne dévoile pas son identité

Grâce à ce petit garçon courageux, je me suis souvenue de pourquoi j’ai choisi d’exercer mon métier comme je le fais.
Regarder son sourire ou son regard grave sur les photos oblige à aller à l’essentiel : l’humain, l’amour du prochain, la vie.

Omar me rappelle la chance que j’ai de travailler avec des médecins qui, bien que retraités pour la plupart, s’impliquent et laissent leurs cœur assister leur raison.
Il me rappelle que ce que je peux produire de plus beau n’est ni palpable ni chiffrable.

Omar m’a rappelé que mon travail avait du sens.

Le cadeau du jour
Comment résister?

12 réflexions au sujet de « Le sourire d’Omar »

  1. Un article extrêmement touchant, et qui m’a peinée de savoir que ton travail pouvait parfois te faire perdre espoir, toi, qui je sais, adore ton job et le fais si bien.
    Des doutes, des déceptions, des désillusions, tu en auras encore, mais n’oublie pas ces petits moments ineffables que tu sais voir, accueillir, ce qui est bon en toi et qui rejaillit sur autrui et qui te revient.
    Alors, quand on voit un tel sourire, chiffres, rentabilité, performance sont des mots qui n’ont vraiment aucun sens, sauf pour ceux qui ne peuvent vivre sans … ça, c’est leurs oignons !
    Toi,tu sais où est ta vérité.

  2. Tu as assuré Pooky ! Tu peux être fière de toi.
    Tu me rappelles Elzeard Bouffier, L’homme qui plantait des arbres, dans le livre éponyme de Jean Giono. À lire et à faire lire.

  3. Si la vie était un long fleuve tranquille, cela se saurait…Il y a toujours un mouton noir dans la bergerie….Continue de faire ton travail comme tu le fais avec plaisir, avec passion, avec coeur, au milieu des personnes humaines qui t’entourent. et sans t’occuper de ceux qui, hélas, ne pensent qu’à l’argent, au profit et au rendement au détriment de la misère qu’ils ne veulent pas voir. Je suis fière de toi et ne te décourage jamais car tu rencontreras encore des embûches sur ton chemin…..!

  4. ll y a des gens qui sont plus égaux que d’autres, c’est coluche qui l’a dit… Personne ne choisit le pays de sa naissance mais en vit les conséquences bonnes ou mauvaises toute sa vie, sauf si quelqu’un, dans le cas présent, pooky, laisse parler son coeur, lance une opération solidarité et on constate que quand même, les gens de coeur sont nombreux. Continue dans la qualité et le respect de l’humain.
    Ne te laisse pas démotiver par les objectifs à atteindre, les chiffres à respecter. L’argent ne doit pas commander la vie, il doit aider à la rendre belle. Toute une équipe est avec toi. Que puis je faire pour aider omar à conserver son sourire et toi à le retrouver ?

  5. Je ne sais pas si ce sont tes mots ou son sourire, mais j’ai décroché une larme. heureusement que des Omar sont et seront là … c’est tellement vrai ce que tu dis « ni palpable ni chiffrable » …

Chic ! Un message :)

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