La pensée du jour
L’unique chose dont le monde n’aura jamais assez est l’exagération.
Salvador Dali

L’humeur du jour
J’entends souvent de la part d’amis admiratifs  » Pooky, mais comment fais-tu pour rester si zen, si résistante aux vicissitudes de l’existence? » Dans un élan de bonté qui me caractérise, j’ai décide de partager mon secret, prenant ainsi le risque que nul ne s’extasie plus sur ma résilience hors du commun.

Plus fort, plus imparable que Boris Cyrulnik et plus accessible aussi, il y a Thierry Ardisson et son “invité de 20 heures”. La façon la plus sûre de re-la-ti-vi-ser.

Le concept est simple. L’animateur reçoit, en fin de son émission « Salut les Terriens »  un inconnu qu’il présente de la façon suivante (le protocole est immuable) :  » Alors Valérie, vous avez été abandonnée enfant, puis à 14 ans vous avez quitté la famille d’accueil où vous étiez pour vivre avec un homme de 23 ans votre ainé. Aujourd’hui, à 25 ans vous êtes veuve et vous n’avez plus RIEN.
Valérie, ce doit être terrible! » – silence appuyé, regard embué de l’invitée.
« Bon, Valérie, on en parle après la Semaine de Guillon. « 
Impossible de zapper.
Soudain, les kilos en trop, les factures à payer, la fatigue étrange, les problèmes au boulot, l’engueulade avec le conjoint, le chien malade ou que sais-je encore,  tout disparaît derrière cet océan d’emmerdes qui semble vouloit engloutir la pauvre invitée.

Une page de Pub pour vanter du parfum, une ou deux grosses voitures ou l’écran plat que Valérie ne possèdera jamais et l’émission reprend. Je souligne au passage l’impressionnant travail de montage qui condense une vie de coups durs, ponctuée de « ouais, c’est terrible » compatissants d’Ardisson.

On découvre, en vrac, que Valérie a eu un bébé, que son mari a laissé tomber un soir qu’il n’allait pas bien – il était malade mais n’en savait rien – qu’au final le mari est mort, le bébé restera handicapé suite à cette chute dont la maman mettra 48 heures à se rendre compte. La pauvre Valérie ne pourra jamais travailler, devant s’occuper des deux enfants de son mari et du dernier né.
On apprend alors la raison de sa présence sur le plateau : elle souhaite que soit reconnue la responsabilité du laboratoire qui avait commercialisé une hormone que son mari avait reçue dans sa jeunesse et qui l’a rendu malade.
Elle pourrait ainsi déménager pour un rez de chaussée, plus adapté à son enfant handicapé, elle qui vit aujourd’hui au 8ème étage. Et Ardisson, magistral, de conclure « Surtout que votre ascenceur est souvent en panne ».
Bon, j’ai dit Valérie comme j’aurais dit Martine, violée durant des années par le gourou d’une secte, vivant en marge de tout, ou de Pauline, battue, brûlée par son mari – à un moment, c’était histoire d’O, le désir en moins.
Ardisson choisit avec soin ses invités de 20 heures.
Grâce à lui, nous prenons nos soucis pour les peccadilles qu’ils sont.
Comparés à ces existences, même les personnages de Pierre Richard semblent chanceux…
Vous voyez, c’est une méthode à la portée de chacun!

Le cadeau du jour
Docteur Ardisson, fournisseur de mieux être.