Et je pèse mes mots...

Arnold a quitté Willy


La pensée du jour
Dans un univers passablement absurde, il y a quelque chose qui n’est pas absurde : c’est ce que l’on peut faire pour les autres.
André Malraux

L’humeur du moment
Il y a en ce moment sur Coussin du Chat une discussion intéressante sur le but de la vie. Il y a presque autant d’avis que de membres, les athées parlent aux croyantes, les instinctives aux cérébrales…
D’abord, une certitude : je préfère réussir ma vie plutôt que de réussir dans la vie.
Toutefois, qui peut se targuer de choisir sa destinée ? (oui Fred, je sais qu’en lisant ça, la chanson de Guy Marchand se met en route dans ta tête… c’est très Pavlovien chez toi.) 
Certainement pas Gary Coleman.

Souvenez-vous. Nous sommes dans les années 80. Une sitcom débarque sur les écrans français, avec pour héros -chose rare à l’époque – deux enfants noirs. C’est  « Arnold et Willy ».
Ils sont mignons, drôles, plein d’esprit et je me souviens que tout le monde sans exception trouvait le petit Arnold craquant et ses répliques irresistibles. L’acteur qui l’incarnait, Gary Coleman, était atteint d’une maladie empêchant sa croissance : il devint riche et célèbre mais resta de petite taille, ce qui limita ses possibilités de rôles – ne soyons pas hypocrites, si Mimi Mathy ne joue plus Josephine…

Alors qu’à l’écran bon sentiments, messages positifs et épreuves surmontées dans l’amour se succèdent jusqu’au clap de fin, la suite dans la vraie vie s’apparente à un mauvais mélo pour les 3 enfants stars de la série. La sage Virginia sombre dans la drogue, se fait arrêter à la suite d’un braquage raté, puis se suicide (son fils en fera autant 10 ans jour pour jour plus tard). Willy, le sérieux grand frère se perd lui aussi dans les substances et effectue des séjours en prison. Quant à Arnold ruiné par ses parents d’adoption, il cachetonne et reprend parfois le rôle qui l’a rendu célèbre. Il travaille comme gardien de parking trouve enfin le « bonheur » conjugal après une proclamée vie d’abstinence… à l’âge de 40 ans. Il fait ensuite la une des torchons « people » pour violences conjugales. Puis une dernière fois pour sa mort, en mai dernier à l’âge de 42 ans, suite à une chute plus que suspecte, chez lui, au milieu de la nuit. 

C’est en revoyant une photo de Gary Coleman jeune que j’ai ressenti le besoin de ce Billet.
Sa frimousse, son sourire malicieux, son regard joyeux tourné vers l’avenir contrastant avec le sordide de son destin…
Je cherche sur cette photo des traces, des indices des déceptions et humiliations qui feront de sa vie un scénario de série Z, je scrute dans son regard la faille qui ne lui permettra pas de s’accrocher. 
Tout ce que je vois, c’est un enfant heureux, confiant, aveugle, pas préparé à réussir sa vie,  tout lui indiquant qu’il avait réussi tout court.

La vie a de ces ironies qui obligent à l’humilité.


Le cadeau du jour
Un peu de nostalgie

8 réflexions au sujet de « Arnold a quitté Willy »

  1. C’est bien malheureux tout ca. Penses tu que bien entourés ces gamins jetés trop tôt dans un monde de paillettes n’auraient pas connu des destins aussi pathétique?
    In fine, ils n’ont ni réussi leur vie ni dans la vie.
    Et je m interroge sur la finalité de la vie du pauvre Arnold, assez a l’envers en fait.

  2. J’ai au dépard eu la même réaction : cette série était le petit moment de fantaisie dans la maison .

    Puis je me suis dit que parfois dans une même famille , il y a plusieurs destinées aussi dures si ce n’est pire
    Mais elles ne sont pas citées dans les médiats parce qu’elle ne sont pas connues , et que personne ne pleurerait leur abscence .
    Ca ne m’empêche pas de regretter que ce feuilleton devienne l’exemple de ce que peut donner la célébrité trop tôt .
    Ils étaient tellement craquants tous les trois …

  3. Ton billet ne peut me faire penser qu’à la résilience ( Boris Cyrulnik ) , ou ce que Freud appelait la perlaboration, cette capacité à s’en sortir dans la vie pour réussir sa vie. On la trouve suivant que l’on rencontre ou pas de  » témoins lucides  » ( Alice Miller )
    Pour résumer vite fait, les gens comme ces acteurs de Arnold et Willy, qui ne sont que deux parmi tant d’autres, ont été maltraité durant leur enfance. Ne pouvant aller au bout de leur colère contre leurs parents, ils ont développé une maladie, ou sont devenus dépendants aux substances illicites, ou violents … tout cela pour ne pas sombrer dans la dépression.
    On peut citer tellement d’artistes ( comme s’il fallait avoir été maltraités dans son enfance pour devenir un artiste ! ( ce que je crois ! ) ) Edith Piaf, Dalida, Marylin Monroe, Tchekov, Samuel Beckett …

    Je conseille la lecture du dernier livre de cette chère regrettée Alice Miller décédée en avril dernier  » Ta vie sauvée enfin  » qui est un condensé de tout ce qu’elle avait déjà pu écrire dans ses ouvrages précédents.
    C’était une psychanalyste qui avait arrêté de pratiquer parce que la théorie freudienne est une grosse erreur ( neutralité bienveillante ) pour se consacrer à l’étude de la maltraitance chez l’enfant, puisque le noeud du problème est là ( pour rejoindre ton billet sur ce sujet, chère Pooky ! ).

  4. l’importance de chaque chose qui peut sembler anodine dans la construction d’un être, dans la vie
    mais ça ne répond pas pour autant à la finalité!

  5. merci pour le cadeau du jour…
    je me rends compte que je connais la B.O par coeur!
    c’est plein de souvenirs tout ça!
    et comme tu dis, je préfère réussir ma vie que réussir dans la vie…
    c’est bien triste parfois

  6. Moi aussi Shrimpy!
    Le plus sordide de l’affaire est que son ex femme vend sur internet aux enchères des pix de lui mort!

  7. Perso, à la fois sur la citation de malraux, et sur le devenir des ces 2 enfants/adultes (je crois qu’ils étaient bcp plus agés que leur age dans la série), je reste dubitatif sur cette recherche absolue de « réussir », car à force de se mettre la pression, on en oublie de se regarder soi et de savoir ce qui nous est vraiment bon. C’est avant tout en ayant conscience de ce que l’on souhaite vraiment pour soi, que l’on peut enfin partager (je n’aime pas le mot donner, ça a une espèce de suffisance = genre j’ai, tu n’as pas, je te donne). Au delà de ça, on a tous nos propres problèmes, si on comprend pourquoi ils vivent en nous, on comprend mieux Arnold et Willy (si tant est qu’ils faillent comprendre leur vie). Le monde qu’ils nous ont montré était un monde pour ravir nos âmes enfantines, maintenant que nous sommes adultes, nous savons que rien ne sera jamais si rose et joyeux. C’est dur mais c comme ça.

Chic ! Un message :)

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