Et je pèse mes mots...

Urgence(s)


La pensée du jour
« – Marie-Thérèse y’a la chambre 106 qui s’allume… Ha non, elle s’allume plus.
– Alors, c’était une urgence pas très urgente… »
Les Inconnus

L’humeur du moment
Résumé de l’épisode précédent : Gorge qui gratte, oreille qui claque et nez bouché. Rendez-vous chez le médecin. Prise d’anti-tout (biotiques, inflammatoires, toux, sinus bouchés)…
Totalement aphone mais sous médocs, je pars en Ardèche 4 jours plus tard. Le bon côté des choses, je dors durant tout le trajet. Le moins bon côté des choses, je dors également une grande partie de la journée et j’enchaine sur une nuit de 10 heures. Ma métamorphose en marmotte est presque terminée quand je décide de voir un médecin pour modifier le traitement qui ne me semble pas très efficace.

Privas. 8900 habitants. Un vendredi matin. Ça ne devrait pas s’avérer mission impossible. La jeune réceptionniste de l’hôtel passe gentiment plusieurs appels pour localiser le ou les médecins de garde. Pourquoi de garde ? Parce que le jeudi était férié et que la plupart des cabinets médicaux font le pont jusqu’au lundi… le seul médecin identifié a un tel planning de rendez-vous que la secrétaire nous décourage immédiatement.
Après une bonne demi-heure passée au téléphone, la réceptionniste revient triomphante : je peux aller aux Urgences, on m’y attend.
Dubitative, mais flapie, je m’y rends. Une infirmière me demande d’attendre que tout soit prêt pour me recevoir.
Attendez, je n’ai qu’une otite, j’ai juste besoin qu’un médecin change les antibios ou me donne de la cortisone… Je ne suis ni mourante, ni accidentée et mon état ne nécessite pas une hospitalisation (et encore moins d’urgence !)


Je vous rassure tout de suite, grâce au fax d’un médecin qui m’avait déjà soignée pour la même affection cet hiver, j’ai pu changer de traitement ce matin là.
Ma santé va bien.
Je n’en dirais pas de même pour l’état inquiétant de « notre » santé publique.
Car cette anecdote n’est malheureusement pas l’apanage d’une ville de province ou la conséquence d’un long week-end… Aujourd’hui, pour une forte fièvre ou une crise d’asthme un soir ou un dimanche, vous devrez vous rendre aux Urgences.
Terminé le temps où le médecin passait à la maison, relayé par SOS médecin. Je me souviens d’une époque où la secrétaire d’un cabinet médical ne vous demandait pas de passer le lundi pour une cystite déclarée un vendredi après-midi…
Je me souviens d’un temps où le travail du généraliste était valorisé. Où il était considéré comme un notable et non comme un fonctionnaire à 23 euros la consultation.
J’ai interrogé mon médecin sur l’affiche alarmiste collée dans la salle d’attente : « dans quelques années, 50% des généralistes auront disparu ».
Que pouvons-nous faire pour les aider? « RIEN » et c’est bien ce qui cloche.
De moins en moins de généralistes, de gynécos, il faut parfois attendre près d’un an pour voir un ophtalmo, des services hospitaliers qui ferment…
Que se passe t-il? Je n’ai malheureusement pas de réponse.
Ce n’est pas un coup de gueule, plutôt un cri d’alarme…

Le cadeau du jour
J’ai connu une époque où joindre son médecin était simple partout et pour tout le monde.
N’est-ce pas la Noiraude?

17 réflexions au sujet de « Urgence(s) »

  1. Quant au reste, justement non le médecin généraliste en libéral n’est pas traité comme un fonctionnaire, n’étant pas soumis à l’exigence de continuité du service public (ce qui veut dire « astreinte » pour certaines catégories de fonctionnaires, les week ends et jours fériés)

  2. Tata, à Gouvieux, c’est 23 euros, en avance… Et ce sont certains médecins fatigués, désabusés qui ont maintenant uns autre facon de vivre leur metier.. Et vu comment ils sont (dé)consideres, je ne les blame pas

  3. Coucou Pooky
    Cela s’appelle une « régression généralisée ».
    Eh oui, à l’ère de l’iPhone, de l’iPod, de l’iPad (et j’en passe), la régression est en marche.
    Paroles de vieux c.. diront certains. Attendez la suite…. Peut être que dans quelques années, vous vous demanderez s’il ne s’agissait pas tout simplement d’une prévision.
    Soyons quand même heureux … le soleil est là

  4. Tu m’as fait peur Pooky, je croyais qu’il t’étais arrivé un truc grave ! Ouf ! Je vois que ça va à peu près. j’espère que ton nouveau traitement fonctionne et que tu as retrouvé ta voix de sirène !!!

    Tu as raison de signaler le mauvais système médical dans lequel nous nous enfonçons doucement mais sûrement. A vouloir copier chez nos chers américains, voila le résultat !
    Je crois aussi que le problème est plus profond, avec cette violence latente qui est en train d’exploser peu à peu, que ce soit à l’école, dans les entreprises, et dans les hôpitaux. Quand ça va péter, ça va faire mal !

    Je suis d’accord avec Jean François. Nous allons payer cher cette modernisation qui comme un grand ouragan va nous emporter !

    Bonne journée. Oui, il fait soleil. Profitons-en !

  5. j’ai la chance d’être très peu souvent malade. et là, j’ai trouvé tellement disproportionné la solution proposée… chez « nous » la consult est à 23 euros car – d’après mon médecin – l’état a donné son accord mais la disposition n’est pas encore officiellement appliquée. Notre façon d’aider est d’accepter ce montant. je ne savais pas qu’on pouvait choisir.
    Mais demandons autour de nous, les exemples ne manqueront pas et on aura évidemment l’effet inverse : une personne m’a raconté avoir attendu aux urgences, en sang, la clavicule explosée, qu’une place soit libre. c’est sûr que si une « moi » occupe l’espace avec une otite, le claviculeux aura le temps de souffrir ds la salle d’attente.
    y’a qqchose qui cloche!
    je ne suis pas certaine que la modernisation en soit la (seule) cause.
    certains médecins admettent que tant qu’à faire, autant être dermatos et mieux gagner sa vie que généraliste…
    c’est un gros tout, c’est l’évolution permanente vers « tout tout de suite », alors que l’espérance de vie s’allonge et qu’on pourrait songer qu’on dispose de plus de temps.

  6. Dans le sud nous avons moins de problème en ce qui concerne les médecins
    Je crois que nous avons une forte concentration de tous les spécialistes , généralistes de tout genre .
    Ils sont soit disant attirés par le soleil
    En ce qi concerne mon généraliste j’en suis enchantée
    Ils se déplaçe parfois la nuit s’il en a besoin (il devient tout de même un cas rare)

    Mais malgrés celà il est vrai que dans certaines cliniques ou hopitaux , l’acceuil et bon , mais le sérieux n’est pas toujours là

    Une petite fille dont je connais bien les parents ,en a fait les frais il y à peu de temps
    Heureusement elle n’a pas eu de séquelles
    Mais ses parents ont eu très peur parce qu’une infection urinaire n’a pas été détectée , et elle a du aller au CHU de Montpellier en urgence …
    A force de dire que les antibiotiques ce n’est pas automatique ….

  7. Pour info:
    Chez nous il y à belle lurette que c’est 23 euros la consultation
    33 quand il se déplaçe
    Et plus de 50 pour les spécialistes

  8. C’est un des sujets que j’ai eu à l’écrit de mon concours : la pénurie des médecins généralistes. Ils vont maintenant recruter des médecins à l’étranger.

  9. slt Nora ! c bien fait ! t’as pas voulu dej av moi ce jour !! en tous cas je vois pas le rapport entre ton sujet et le cadeau du jour !!! et puis je connais la Bulgarie ! et c’est vrai ! le yaourt est meilleur qu’en France !!! tiens je me taperai bien un ptit steack de noiraude moi !!! comme je t’ai dit ! je pars un peu… je reviendrai… sans doute ! ciao baci

  10. C’est certain qu’il y a un (des) gros problème(s) notamment d’organisation.

    Dans mon entourage proche je compte deux médecins. Je dois reconnaître que le généraliste ne gagne pas très bien sa vie (vraiment sans plus eût égard à son niveau d’étude) mais qu’il organise son planning à son goût, ce qui est une grande liberté et une certaine compensation.

    Parmi les nombreuses difficultés, il y a les assurances exorbitantes, le manque de respect des clients (pardon des patients) et la gestion avec un système informatique pourri et hors de prix (là où il me semble que la moindre des choses aurait été que la sécu fournisse un logiciel commun gratuitement aux praticiens!).

    D’un autre côté, les toubibs choisissent massivement le sud et la région parisienne et désertent les campagnes et le nord (parce que c’est moins confortable/pratique/fun/hype rayer la mention inutile) et nombreux sont ceux qui fixent des tarifs non conventionnés hors de prix (et souvent sans avertir ou mal les patients) et refusent souvent les patients CMU. Quant au respect du serment d’Hippocrate, hmmm…

    En outre j’ai rencontré pas mal de médecins négligents, âpres au gain, expéditifs (voire très) et un peu flemmard. Je n’en fais d’autant pas une généralité que j’en ai rencontré des courageux, très travailleurs, patients -enfin médecins mais patients quoi, dévoués, attentifs, désintéressés… C’est comme dans toutes les professions: il y a du bon et du mauvais.

    En ce qui me concerne, je suis pour le changement de statut des médecins en fonctionnaires justement, pour pouvoir gérer leur répartition sur le territoire français, leurs devoirs et obligations vis-à-vis des patients et les rémunérer correctement et de façon uniforme. Ca me paraît d’autant plus justifié qu’au final ce ne sont pas les patients mais l’Etat via la Sécu qui les rémunère en grande partie.

    Et v’là un pavé! Un!

  11. j'<3 le com' d'Anna.
    Pooky, vous tirez l'alarme, je pousse "le coup de gueule"…cette situation des Urgences est due à plusieurs facteurs.
    Facteur temporel et de médecins disponibles : Même en étant un citoyen responsable, soucieux du système, on peut tous se retrouver un jour à devoir finir aux urgences parce que l'on ne trouve pas de médecin disponible. Ce qui fut votre cas si je ne me trompe point. Vous n'aviez d'autre solution que de vous replier sur les Urgences.
    Social : les citoyens aux revenus précaires qui se tournent directement vers les urgences par manque d'argent pour payer une consultation (et il y en a plus qu'on ne pense, particulièrement en Ile-de-France, à Paris la plupart des généralistes comme vous le savez sont en dépassement avec des tarifs de 30 à 40e, il n'est pas rare aussi de se voir facturé 60e pour une consult' de dermato par exemple).
    Educatif et Civique : certains prennent les urgences pour un cabinet de médecins (et sont souvent désagréables avec les personnels de l'APHP, de nombreuses agressions sont rapportées quotidiennement et les nuits aux urgences peuvent être le théâtre de scènes d'une incroyable violence). Educatif, parce que ça aussi, on doit l'apprendre à ses enfants, leur apprendre que les urgences sont réservées aux urgences et pas aux derniers petits bobos.
    Un facteur de surdosage d'infos santé : chacun y va de son scénario dès le moindre symptôme en lisant les forums du type Doctisssimo, s'affole … le doute…, le si terrible doute et la peur, la plus grande ennemie de l'Homme.
    Et enfin le facteur principal de ce résultat en 2010 : le facteur de la politique de Santé en France depuis 2000. Savez-vous que plus de 4000 postes vont être supprimés rien que dans l'APHP de Paris d'ici 2011? Une décision prise cet hiver(parmi tant d'autres dans le cadre de la réforme santé) au nom de la rentabilisation. Alors que dans le même temps, on ne cesse d'entendre et de voir par nous-mêmes que les personnels soignants des hôpitaux sont en nombre insuffisant pour répondre à la demande. La politique de Santé actuelle, met en place un système privilégiant les cliniques et ce n'est pas une coïncidence, le parc privé dans le domaine de la Santé peut rapporter beaucoup. En fait votre billet souligne comment une "garantie collective" comme l'accès aux soins pour tous dans de bonnes conditions est vidée progressivement, doucement mais sûrement, de sa substance. Triste.
    Mais je vais terminer sur une note importante et positive : nous avons de très bons personnels soignants en France comme l'écrit Anna; les médecins hospitaliers restent dispo, pros, passionnés malgré des conditions de travail et des revenus qui sont inacceptables pour certains, le système dans sa globalité reste l'un des meilleurs et des plus solidaires au monde. Il n'y a pas de fatalité.
    Une réforme équilibrée et raisonnable est possible, il faut juste un peu de courage des politiques…
    Et si on demandait à Michelle Laroque, euh Mme Baroin, de faire un gros don à l'APHP ? (c'est déductible non?) :-p

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