La pensée du jour
Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage…
Du Bellay
L’humeur du moment
J’aime varier les plaisirs. C’est pourquoi je fais régulièrement une infidélité à la Ligne 4 au profit du bus 63.
Pour ceux qui ne sont pas suffisamment parisiens pour connaître le 63, il s’agit du bus qui effectue la rotation Gare de Lyon – Porte de la Muette. J’aime bien le prendre dans les deux sens du parcours.
J’ai découvert des circuits de promenades, des quartiers à explorer, des monuments à visiter… l’Assemblée, le Grand Palais, Saint Sulpice, des ministères…
Le plus souvent, je monte vers le Pont de l’Alma et je descends sur le boulevard Saint Germain. Ce trajet n’est pas très long et le bus rarement bondé. Les passagers sont pour moitié des touristes qui commentent tous les monuments, pour moitié un mélange de personnes d’un certain âge et d’étudiants vuitonnés. Les passagers se parlent entre eux ou sont plongés dans leurs Iphones. Une ambiance à la fois décontractée et élégante.
Ho, bien sûr, il arrive parfois que des dames s’offusquent de voyager debout, trouvant inacceptable la promiscuité de leur Kelly contre les sacs à dos des touristes – mais franchement, c’est aussi drôle de les entendre s’indigner à mi-voix que d’écouter Florence Foresti raconter sa rencontre ferroviaire avec une dame, qui, ne comprenant pas que le chien de la comique voyage avec elle, lui avait lancé « mais enfin, j’ai un cheval et je l’emmène pas en train ».
Vous voyez. Rien de bien grave.
Jusqu’à hier.
J’écoutais un podcast de Laurent Ruquier en gloussant sous cape, quand soudain j’ai réalisé que le bus était arrêté aux Invalides mais qu’il ne redémarrait pas. Le chauffeur avait même coupé le moteur. J’ai d’abord supposé un « service restreint » avant de remarquer que les autres passagers avaient l’air aussi surpris que moi.
En fait, une petite famille de « pauvres » étrangers (3 adultes et 4 enfants qui avaient la panoplie complète des mendiants « roumains » que je croise vers le Pont Neuf) avaient eu l’idée incongrue de monter sans payer.
Le chauffeur, courageux mais pas téméraire, les avait laissé faire puis sans dire un mot à qui que ce soit s’était mis en grève. C’est à ce moment-là que les choses sont devenues ubuesques. Le chauffeur restait muet. Certains passagers sont descendus attendre un autre 63. Les « intrus » les ont suivis. Le chauffeur a relancé le moteur. En entendant ça, les intrus sont remontés, ce qui a provoqué un nouvel arrêt et l’agressivité des passagers encore à bord, qui se sont mis à les invectiver pour qu’ils redescendent.
Je n’encourage pas les resquilleurs mais je n’apprécie pas qu’on traite mal qui que ce soit. Les mots « dégagez! partez! » aboyés comme ils l’ont été me paraissaient exagérés.
Plus que le fait qu’ils voyageaient sans billet, j’avais l’impression que c’est leur apparence odorante et le fait que visiblement ils n’étaient pas à leur place dans ce bus qui posait un problème.
J’étais choquée par le silence du chauffeur autant que par la virulence – voire l’agressivité – des passagers.
Pourtant, je n’ai rien su dire ou faire.
Et vous ? comment auriez-vous réagi ?
Le Cadeau du jour
alors Xangèle, tu choisis quoi?
Bus? Métro ou… Vélib?
Je n’aurais rien fait ! Trop peur !
Un bon lynchage, il n’ y a que ça de vrai 😀
Ils étaient sûrement là pour malheureusement piquer leur portefeuille aux touristes.
Effectivement, ça nous renvoie à notre propre impuissance. Ce n’est pas tant ce que l’on aurait fait mais ce que l’on devrait faire. Ce qu’on aurait fait ? rien (ils sont 6, on est seul, on n’est superwoman). Ce qu’on devrait faire ? les aider ? aider le chauffeur ? téléphoner au 17, au 18 ??? ou enfin la méthode robin des bois….on fait la manche à leur place, on expose l’idée à tout le monde « à vot’ bon coeur messieurs dames, 10cts, chacun, vite fait et dans 1mn on n’en parle plus, ils sont dehors et le bus redémarre »….mais ça ne fait que décaler le problème dans un autre bus, car l’équipe de 6 recommencera…mais ça, on s’en fout, on a fait ce qui nous paraissait être fait à ce moment précis. On se retrouve avec soi-même et la conscience tranquille.
c’est vrai que la manière de faire du chauffeur peut être choquante mais d’une part leur manière de faire l’est tout autant (voir l’agressivité de certains aux feux rouge lorsque vous refusez le lavage du pare-brise) et d’autre part ce chauffeur a déjà peut-être été agressé.
Ceci n’excusant pas cela bien-sûr.
Le respect de chacun envers l’autre est-il un mot dont on aurait oublier la signification???????????????????????????
Le bus pour le confort, le métro pour la rapidité et le vélib pour la liberté et le sport………..
les intrus ne faisaient rien, à dire vrai, j’ai pensé qu’il allaient descendre à St Germain pour « travailler » rue de Buci
et le chauffeur n’a parlé à personne,
ni à nous, ni à eux!
tout çà m’ a laissé une sensation désagréable