La pensée du jour
La pire indécence du XXIème siècle, c’est l’Occident obèse face au tiers-monde rachitique
Fatou Diome
L’humeur du jour
Trois choses lues dans des magazines ces derniers jours, qui m’ont interpellée.
Bon, ça va faire enfonçage de portes ouvertes, mais ça me démange de les partager ici.
Premier article, dans « Psychologie magazine ».
Trois personnes étaient interrogées sur les raison qui les avaient un jour menées à cesser de travailler.
Ma chouchoute? Une femme d’une petite quarantaine d’années, qui après avoir travaillé 15 ans (cela écrit sur un ton à faire pleurer dans les chaumières) préférait « se consacrer à l’amour ». C’est même le titre de son portrait « Je me consacre à l’amour ». Oui, car avant elle travaillait, la pauvre, alors où trouver le temps pour tomber amoureuse ? Fonder une famille ? Bon, pour les enfants, ça s’est physiologiquement malheureusement avéré impossible. Mais elle voue chacune de ses heures à « aimer son mari ». Le ton de l’article est tel qu’on se sent jugées moins aimantes de ne pas savoir en faire autant.
Ce portrait, insuffisamment abouti, presque caricatural, m’a rendu cette femme antipathique, ce qui n’était probablement pas le but premier de l’article.
Mais en ces périodes de chômage, d’incertitudes économiques, de crise qui pousse les gens à acheter des produits alimentaires périmés au marché parallèle, j’ai trouvé indécent cet aplomb qui semblait nous exclure, nous travailleurs, du « vrai » de l’amour, puisque n’ayant pas fait le bon choix.
Il n’y avait nulle part mention du fait que pour habiter la splendide demeure au milieu de laquelle elle trônait, il lui fallait avoir un compagnon soit fortuné, soit aux bons revenus et non un RMIste ou un simple employé. Aucune allusion à la chance de pouvoir faire ce type de choix. Car une cessation d’activité subie ne permet en rien l’épanouissement de l’amour : le RMI, ça ne reste pas romantique longtemps.
Un présupposé de ce type aurait pu servir d’introduction à l’article et lui donner une toute autre dimension.
Second article, lu dans Grazia, le nouveau féminin à la recherche d’un ton à part. Une question « micro-trottoir » : Quand avez vous pleuré pour la dernière fois ?
Une jeune femme, âgée de 20 à 25 ans siglée sans parcimonie, explique – aucun second degré – qu’elle a explosé en sanglots un beau matin quand un employé de la RATP lui a refusé son billet de 500 euros pour l’achat d’un ticket de métro… No comment. Je me sens incapable d’empathie. Si en creusant on peut comprendre des larmes disproportionnées à la cause évoquée, le grand écart entre son portrait en pied et les mots choisis pour le récit de ses pleurs était hallucinant. Là encore, j’ai trouvé indécent de la part du magazine le ton du témoignage.
Enfin, incursion accidentelle dans Lolie, le soit disant magazine de l’ado actuelle. Indispensable pour savoir comment avoir de gros seins, être à tomber sans pourtant être physiquement « canon » et surtout, comment devenir une bombe au lit (je rappelle que ce magazine s’adresse aux 12-16 ans). Là, on change de registre d’indécence. Photos de filles sorties d’un film de Dorcel, et conseils à l’avenant. Simulez, bougez, poussez des cris, entraînez-vous en regardant des pornos et la cerise sur le gâteau : multipliez les sessions avec des garçons différents, histoire d’avoir de l’expérience. Il fait un truc que vous n’aimez pas ? Forcez-vous ! Et ainsi de suite.
Jetons un coup d’œil aux rédacteurs. Un boite postale, une seule adresse hotmail au nom d’un rédacteur en chef au patronyme « de l’Est ».
Loin de moi d’être prude ou coincée. Mais ce n’est pas ainsi – même adulte – que j’envisage les relations hommes-femmes. Alors pour des ados…
Il n’y a pas une mais des indécences. Et elles se nichent dans beaucoup de domaines…
Le cadeau du jour
Pour la jeune interviewée de Grazia.
Elle devrait essayer ce billet pour ses prochaines dépenses…
Mais où trouves-tu tes illustrations? Elles me font sourire, rire parfois. Et je trouve tes textes limpides et « justes ».
L’indécence se niche partout. Elle prend naissance dans la non prise en compte du ressenti d’autrui, à mon humble avis
Très intéressant cet article. Comme très souvent par ici d’ailleurs. Et je suis d’accord avec le commentaire de Tom : « l’indécence prend naissance dans la non prise en compte du ressenti d’autrui ». Je pense que le principal est dit…
BizBiz Pookpook !!
Merci!! je suis ouverte aux critiques aussi!!
Camarade Pook, tu vas bientôt rejoindre la Cause !
Et le premier magazine ose s’appeler « psychologie magazine »… Le rédacteur en chef doit être un clone de Delarue (« pleurez bien devant le micro s’il vous plait »), croisé avec Jacques Pradel (années Bernard Tapie, sortez de mon corps !). Bref, bien en phase avec le portrait de la personne sur le billet… Je t’embrasse…
Je dirais juste :
de beaux exemples d’indécences
morte de rire pour le truc de jeunes filles, je crois que je vais mettre la mienne chez les soeurs! et en attendant je préfère en rire…jaune!
Merci pour le partage de ces articles INDISPENSABLES ! Les magasines français ont du souci à se faire quand même pour publier de tels navets ( comment dit-on concernant la presse écrite ? )
Enfin, j’espère qu’avec mon commentaire posté juste avant concernant ton billet d’au-dessus je ne vais pas être cette antipathique bonne femme qui reste chez elle pour l’amour. La différence c’est que je reste chez moi pour mon épanouissement personnel ! lol ! Moi d’abord ! Pour le billet de 500 dollars, ça risque pas de m’arriver. j’aurais trop honte de ma balader avec une telle somme. Déjà 50 euros !!!
Pour le coup du magasine pour ado, les mères sont obligés de lire les articles avant pour que les demoiselles de 12 ans ne demandent pas une chirurgie esthétique pour leur anniversaire !
indispensables, tu l’as dit Sammy!! non, t’inquiète, cette femme n’était antipathique que par cette « supériorité » de celle qui « sait », je ne sentais pas d’épanouissement!
et oui, faut surveiller ce que lisent nos ados! y’a des trucs « boulards » inimaginables dans leurs magz