La pensée du jour.
L’inégalité des conditions entraîne l’inégalité des richesses.
Mais l’inégalité des richesses n’amène pas l’inégalité des besoins.
Anthelme Brillat-Savarin
L’humeur du moment
Je suis du matin. Mes amis le savent, inutile de m’appeler après 21h30.
J’ai choisi de commencer mes journées dès potron-minet (c’était juste pour placer l’expression) ce qui me permet de quitter tôt et d’avoir une vie après le boulot.
Chaque matin, donc, je prends un des premiers trains pour Paris.Nul besoin d’être un fin observateur pour constater – en schématisant bien sûr – que plus l’heure avance, plus les vêtements sont de qualité, les sacs des femmes griffés et les hommes cravatés. A contrario, plus je pars tôt, plus je vois des teints basanés, des pantalons élimés, des vestes mal coupées et parfois même des pieds qui s’échappent de chaussures trop grandes.
Paris, vers 7h00 du matin, c’est assez particulier.
Je quitte la Gare du Nord sur mon Vélib, et je croise « mes » habitués. D’abord, les livreurs des restos près de la gare.
Puis, j’arrive Boulevard Magenta. Éboueurs et nettoyeurs de rues. Toujours le même clodo, pantalon sur les chevilles, qui se gratte mollement les parties intimes au beau milieu de la voie pendant que son « pote » dort encore sous le fragile abri d’un distributeur automatique.
Rue Saint Denis, les employés de bistrots sortent les chaises et lavent les sols… quelques grappes de couche-tard, pas encore endormis mais plus tout à fait réveillés.
Rue de la Ferronnerie, une prostituée quinqua (ou très fatiguée) chignon banane blond, vêtue d’un tailleur noir et de bas coutures. Je ne sais pas si elle termine son service ou commence sa journée.
Me voici Rue de Rivoli. Je n’y compte plus les personnes allongées sur les bouches d’aération du métro, corps cachés sous des couches de couvertures ou de manteaux avec autour d’eux les reliefs de leurs repas, des vieux journaux, des chaussures aussi parfois. Voitures, bus et vélos passent devant eux, il faut souvent faire un écart pour ne pas buter dans un pied qui dépasse du trottoir.
Un groupe se presse près du Mac Donald.
Pas de jeunes, évidemment pas d’enfant ni de familles. Rien que des sans abris qui guettent l’ouverture parce que Mac Do, c’est encore un des rares endroit où un café (avec une chaise) reste accessible quand on ne survit qu’avec des pièces de 5 ou 10 centimes dans les poches…
Chez Mac Do, venez comme vous êtes… Voilà une pub qui prend tout son sens.
C’est aussi ça, la France qui se lève tôt. Je ne suis pas certaine que l’avenir lui appartienne…
L’image du jour
Recit tres agreable a lire. Ce parcours en velib revele une analyse tres instructive.
tu sais ma Pook que moi aussi je suis du matin, et mes matins je ne les échangerais pour rien au monde, j’aime ce spectacle (si l’on peut dire ainsi) de vie qui commence, une atmosphère si particulière
pareil… c’est plus « sans apprêts », plus rude et essentiel.
J’ai eu un choc un soir que je fréquentai mon qaurtier du « jour ». Je ne reconnaissais plus rien!
Il y a une recrudescence des sans abris partout en france
Ca me choque depuis quelque temps de voir également la moyenne d’age de ces sans abris diminuer avec le temps
Mais je vais en parler plus longuement sur le forum
c’est un sujet qui me touche dans le plus profond de mon être ..
Alors autant nous nous ressemblons en ce qui concerne les saisons, autant nous différons en ce qui concerne la journée !
… Je HAIS le matin ! Enfin si, je l’aime, mais seulement lorsque je suis au chaud dans mon lit ! =)
Brève de plaisanterie, je découvre ta plume (comme disent les « vrais ») et je suis très agréablement surprise, bien que « surprise » ne soit pas le bon mot. Disons que je suis conquise. Valà.
Merci Marmotte 🙂